samedi 24 juin 2017

La fois où j'ai eu peur de mourrir

Tiens je me souviens d’une impression bizarre à laquelle je n’ai jamais repensé…

Ca remonte à quelques années. C’était dans une chambre au rez-de chaussé qui donnait sur cours sans lumière. Dans une ville inconnue, d’un pays inconnu. Aussi inconnu de moi que je l’étais de tous les gens de ce pays. J’étais pire qu’un inconnu puisque personne ne m’avait vu. Et ça fait beaucoup de monde surtout en considérant la distance à laquelle se trouvait la première personne pour laquelle je n’étais pas inconnu. Elle était à des milliers de kilomètres. 1886 km pour de vrai.

Ca peut arriver quand on se retrouve à voyager. Alors que certains moments sont dédiés à l’apprentissage et au tissage de liens de lieux de comptoirs et de recettes de cuisines par la rengaine et la stagnation, j’étais au contraire alors tout entier, que de passage.

Je collectionnais les horizons sans autres but que de perdre du temps pour répartir l’attente le long du chemin qui me mènerait vers le vol du retour. Entre deux eaux, un peu fatigué de la route et anxieu à l’idée de rentrer. Toujours un bon bouquin et du maté sous le coude. A brûler les jours comme des cigarettes sur les places dans les parcs, à marcher sans but à s’inventer des activités comme acheter un fruit improbable, un chapeau, écrire n’importe quoi, pincer des cordes en privé et se servir de gros matés bien amers à longueur de journée.

Et j’étais alors un client d’une auberge dans cette petite chambre tout en étant moi-même  l'hôte d’une bactérie ou quelque agent pathogène à caractère pénible pour qui je consacrais beaucoup d’énergie et c’était fatiguant.

Une petite pièce trop chaude, une nuit, non pas de cauchemar, mais de malaises fiévreux et une solitude différente de d’habitude.  Un petit coup de mou donc et c’est arrivé tout d’un coup dans la nuit : ce sentiment de ne pas vouloir mourir juste là. Je voulais mourir au moins 2 mois plus tard dans le coin paumé du sud ouest de la France.

Une impression bizarre à ajouter à la collection, assez rare et ce n’est pas plus mal mais qui mérite qu’on s’y attarde. On peut décidément être persuadé de chose qui n’ont aucun sens, voir qui ont des sens opposés. Jamais personne n’a regretté de mourir, trop occupé surement à ne plus avoir de pensées ou de tête à gratter. Je sens bien que naturellement on a une petite aversion contre le fait de mourir bien que dans l’absolu cela ne cause pas de tort à celui qui est mort. Qu’importe son sort s’il n’est nulle part pour le subir encore.


Après un bon petit déjeuner à base de grenadilles et de tartine d’avocat, les indicateurs au vert j’ai pu faire mon sac à dos et aller attendre dans la chaleur l’heure d’aller ailleurs.

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